lundi, avril 24, 2006

Loïc le Meur

J'aime bien Loïc le Meur.

Déjà, j'aime bien son nom : ça vous a un côté médiéval, sombre, chevaleresque... un côté noblesse d'âme, hauteur de vue, droiture morale... ça vous évoque des voyages au long cours, sur un fier trois mâts barré par un capitaine bur(i)né, intrépide mais connaissant son affaire, naviguant avec lucidité parmi les hauts fonds et les récifs des naufrageurs de la net économie !

J'aime bien Loïc le Meur, donc.

Comme personne, aussi. Son côté toujours confiant, toujours en mouvement, déjà plus là où on l'attendait 5 mn avant et pas encore là où il sera 5 mn après tout en y étant déjà un peu, son côté "téléportation", son côté divin : Loïc Le Meur est omniscient et omniprésent.

Loïc Le Meur, c'est un peu Tintin au pays de l'électron.

Par contre, je déteste son blog : la photo du surhomme en kitesurf, l'accumulation ridicule des derniers gadgets du Web 2.0 à la mode (vous voulez savoir ce qui arrive après Atom, RSS, et Flickr ? une seule adresse : la partie droite de la homepage du blog de Loïc Le Meur !)

Je déteste son blog : ce côté "on est entre soi", ce côté glorification du gourou, ce côté : "Loïc, ton dernier post est encore mieux que le précédent et PAR DEFINITION moins bien que le prochain", cette absence totale de débat contradictoire, cette auto-satisfaction qui suinte de chaque page...

Je déteste son blog : cette fausse modestie, ce côté "j'étais hier à Tel-Aviv, je m'envole demain pour conférencer à Genève sur l'importance des blogs", etc. Mais qui donc s'intéresse à ça ? beaucoup de monde apparemment à en croire ses stats....

Enfin tout ça c'est pas bien grave, c'est rien que de l'entertainment : mais au delà de ça, le blog de Loïc Le Meur véhicule une vision dangereuse car naïvement "techno addict", qui se résume en gros à : tout ce qui passe par IP est bon, et amène par essence l'humanité vers plus de bonheur. Il n'y a que les "dinosaures" qui n'auront pas, comme lui, sauté dans le train en marche (et si possible, directement sur la locomotive), les grincheux toujours en retard d'une guerre qui s'en plaindront

Or, c'est évidemment faux : il faut relire "Der Arbeiter" de Ernst Junger pour se rappeler que la technique sans esprit critique mène tout droit au totalitarisme. Et le blog de Loïc Le Meur, c'est l'incarnation parfaite du manque de recul, de doute, de mise en perspectives et d'auto-critique qui ont pu amener un Oppenheimer, un des plus grands cerveaux du XXè siècle, une des plus brillantes mécaniques intellectuelles de tous les temps à créer la bombe H

Allez, c'était juste pour la provoc, car n'oubliez pas : j'aime bien Loïc Le Meur

Bonne nuit, et bonne chance...

vendredi, avril 14, 2006

Axiome

Pour survivre à l'informatique d'entreprise, il est bon de connaître l'axiome suivant :

L'efficience de votre poste informatique sera toujours inversement proportionnelle à l'importance de la Direction Informatique de la société qui vous emploie.


Good night, and good luck

jeudi, avril 13, 2006

Disons que...

Disons que je travaille dans une agence "interactive". Disons, pure hypothèse d'école, que l'un de nos gros clients est un acteur majeur de l'énergie en Europe, avec un logo orange et bleu en 3 lettres.

Disons que, depuis 3 ans, j'ai vécu tellement de situations ubuesques, de moments franchement grandioses, de purs instants d'hilarité corporate absurde que je pourrai devenir riche et célèbre en vendant mes mémoires (si seulement je trouvais le TEMPS de le faire, au lieu de blogger...)

Allez, je ne résiste pas à un exemple : fin 2004, le Directeur Marketing de cette entreprise (viré depuis), convoque sa "N- 1" et lui dit en substance : on est en Octobre, on a 6 Millions d'euros (6.000.000 € !!) d'excédent budgétaire à cramer en 3 mois, sinon, on les aura en moins l'an prochain et ça c'est pas bon - notez au passage l'absurdité profonde de ce mode de pensée "fuite en avant" : j'en ai pas besoin aujourd'hui, donc il faut absolument que je l'utilise pour l'avoir à nouveau demain... même si tout laisse croire que je ne saurai pas quoi en faire, etc.

Après 4 heures de réunion fiévreuse, ils sortent avec (entre autres) deux idées géniales :

- 1) on va créer un "book de procédures" (inutile) pour les partenaires / prescripteurs (qui ne l'ont pas demandé). Comme ça coûte normalement 100 fois moins cher, on va le faire avec la couv la plus épaisse, le vernis le plus sélectif, et le brochage le plus costaud. Et puis on va en commander 2 fois plus d'exemplaires que prévu, comme ça on est tranquilles niveau réassort.

- 2) on va créer une "plateforme de déploiement" pour nos offres (?). Et on va lancer un appel d'offres européen avec 4 agences de premier plan pour réfléchir à ça. Comme de toutes façons on aura la Direction Informatique dans les pattes, les syndicats, et tout le tintouin, le machin ne verra jamais le jour mais C'EST PAS GRAVE : on aura largement de quoi éclater 600.000 € avec ça, de toutes façons le projet est tellement vaste que personne ne pourra vérifier (ha, oui, faut pas oublier d'en parler à la Direction des Achats quand même, mais seulement APRES qu'on aura finalisé le deal... comme ça on aura qu'à découper le projet en tranches de 30.000 € et on pourra signer ça nous mêmes comme des grands.

Bien sûr, tout ça n'est jamais arrivé.

have a good night, and a good luck

mercredi, avril 12, 2006

Aujourd'hui, comme tous les jours...

j'ai fréquenté des gens superbes de la future ex-nouvelle économie... j'ai rencontré des créatures sublimes, toutes en cheveux et yeux héberlués, adoptant des poses ultra-sensuelles devant des Powerpoint (r) fascinants.... échangé des propos somptueux avec de jeunes gens chics, bien élevés et aggressifs.

J'ai fait des effets de manche, des effets d'oeil, des effets de cou.

J'ai ostensiblement pianoté sur mon portable en réunion. J'ai bu des cafés au goût de vase. J'ai ri de ce rire nerveux, court et un déjà un peu gras de la gorge si typique des trentenaires-quelque-chose qui commencent à fatiguer un peu, mais n'ont pas encore atteint le "next step" qui leur permettra de commencr à VRAIMENT faire bosser les autres à leur place - mais on sent bien que ça vient quand même.

un jour, comme les autres.